Les vestiges archéologiques présents sur le territoire de la commune attestent de plus de 5 000 ans d’occupation humaine, du néolithique à nos jours, avec :
- Un tumulus datant de 3 000 ans avant JC, entouré de tombelles de l’âge du fer (750 ans avant JC),
- A l’occasion de fouilles archéologiques menées de mars à juillet 2013 par l’Inrap avant que ne débute le chantier de construction dans la zone de Mane Mourin – Lavarion, de grands foyers ont été découverts ainsi qu’une nécropole inédite pour l’âge du bronze ancien armoricain (allant de moins 2 200 à moins 1 600 avant JC).
Par ailleurs, les archives départementales font état d’une voie romaine venant de Vannes pour aboutir au Bono, permettant de rejoindre le pont romain de la pointe de Kérisper et compléter la communication entre Vannes et Locmariaquer.
Autant de vestiges permettant de penser que la configuration du lieu et ses atouts ont, depuis longtemps, séduit et retenu les hommes.
Plus près de nous, on trouve la mention d’un droit de passage pour le « passage d’eau du Bono » au XVIIème siècle. Les historiens estiment que ce droit de passage remonte sans doute à la période d’évangélisation de l’Armorique (V et VIème siècles). Avant 1669, le passage du Bono « en la paroisse de Plougoumelen » appartenait à l’abbaye bénédictine de Saint Gildas de Ruys. Economiquement très puissante, elle possédait de nombreuses terres, fermages et moulins lui procurant des revenus exceptionnels. Le 16 mars 1669, l’abbaye vend ce droit au seigneur de Montigny et Kerisper pour sortir d’une situation devenue difficile. Pendant près de trois siècles, un passeur lié par bail au propriétaire du passage assurera la traversée des personnes, des animaux et des biens à bord de chalands contre l’acquittement d’un droit. La « maison du passeur » aux volets bleu est toujours là, face à la rivière et au vieux pont suspendu. La charge disparaîtra avec la construction du pont inauguré en 1840.
Le cadastre de 1831 présente Le Bono comme un hameau formé de 19 constructions constituées de quelques bâtiments de fermes et de pauvres maisons de pêcheurs, ou « pen-ti », chaumières uniformes de 2 pièces, dotées d’une loge à cochon « er louj ». Situé à 4 Km du bourg de Plougoumelen, commune à laquelle il est rattaché, le village s’est construit autour d’un havre naturel abrité, bordé d’une chaine de roches dures.
La construction du pont (1838-1840), l’essor rapide de la pêche puis de l’ostréiculture, les emplois et les activités qu’elles génèrent (charpentier de marine, forgeron, voilier, boulanger, cabaretiers et autres commerces pour répondre aux besoins) vont inciter de nombreuses familles des villages ruraux alentour à venir s’installer au Bono. De 1841 à 1901 sa population va quintupler. Elle représente alors plus du tiers de la population totale de Plougoumelen, proportion qui ira en augmentant.
Le Bono mettra environ 75 ans à acquérir une autonomie demandée à plusieurs reprises compte tenu de ses particularités et de la rapidité de sa croissance par rapport au reste de la commune.
C’est tout d’abord par le port et l’école que commenceront les sujets de discorde :
- Dès 1876 les pêcheurs demandent l’aménagement de ce havre naturel dont l’entrée est en partie obstruée par des roches. Si la jetée est construite vers 1880, il faudra attendre la 1ère guerre mondiale pour que les quais soient enfin aménagés pour faciliter le travail des pêcheurs.
- En 1882, Jules Ferry rend l’enseignement obligatoire. Malgré les protestations de certains conseillers municipaux, l’école laïque du Bono sera ouverte en 1887. D’une capacité insuffisante dès l’ouverture, il faudra attendre 1902, après plusieurs refus, pour que la construction d’un nouveau bâtiment soit votée. Celui-ci ne sera réalisé qu’en 1905.
Viennent ensuite les communications postales, la création d’une recette auxiliaire et l’évocation, en 1900 puis 1905, de l’éventuelle autonomie du Bono. Mais la réponse sera défavorable à chaque fois.
Entre les deux guerres, Le Bono atteint son développement maximum. La paroisse du Bono est créée en 1936. Après la guerre, en avril 1945, la situation évolue rapidement. Le Bono, avec ses 1600 habitants, représente alors les deux tiers de la population communale. Cela va permettre à une liste à majorité bonoviste d’être élue. A l’issue de l’enquête d’utilité publique menée par Joseph Le Douaran, directeur de l’école du Bono désigné comme commissaire enquêteur, les limites de la commune sont définies. C’est par l’arrêté préfectoral du 1er octobre 1947 que Le Bono acquiert le statut de commune. Les élections municipales des 16 et 17 octobre 1947 verront Joseph Le Clanche devenir le 1er maire du Bono.
Aujourd’hui, la plaisance et le tourisme ont remplacé la pêche et l’ostréiculture dont il ne reste que des vestiges sur lesquels il nous appartient de veiller pour qu’ils ne disparaissent pas, usés par le temps, les éléments ou les dégradations commises par des personnes ignorantes ou peu respectueuses de ce qu’ils représentent.
Crédits :
Ar Vag n° 4 – Voiles au travail en Bretagne atlantique – Alain Brulé
Golfe du Morbihan – Album des gens de mer – Gilles Millot et Pierre-Yves Dagault)
Er Beurch – Alain Brulé