La traversée était forcément tributaire des caprices de la météo, des marées et de l’affluence.
Il faudra attendre 1835 pour qu’un projet de pont voit le jour sous l’impulsion d’Edouard Lorois, Préfet du Morbihan depuis 1830. Le plan, établi par M. Laurent ingénieur des ponts et chaussées, accompagné d’un devis de 22 000 francs, est présenté au conseil municipal d’Auray le 25 août 1835. Son coût paraît alors peu élevé au regard des avantages que procurerait à Auray l’établissement d’une communication facile sur ce point fréquenté journellement par un grand nombre de personnes désireuses de se rendre aux foires et marchés d’Auray.
Le 15 février 1836, le ministre de l’intérieur précise que le pont sera établi au moyen de la concession d’un péage, et en remplacement du bac existant.
Le 22 mai 1837, une ordonnance de Louis Philippe approuve le projet comportant une subvention de 10 000 francs et la mise en place d’un droit de péage.
La soumission a lieu le 22 août 1838 et le sieur Le Pontois s’engage à construire le pont moyennant la concession d’un péage pendant 98 ans et une subvention de 10 000 francs. Les travaux débutent immédiatement.
Le 28 septembre 1840, le Préfet peut arrêter que le pont du Bono est livré au public après qu’il ait subi une épreuve de charge. La perception d’un péage est autorisée en faveur des actionnaires à dater du 1er octobre 1840. Le bail du passage du bac est résilié à compter du même jour.
Mais le pont s’avère peu rentable faute de chemins valables. Il n’existe pas de route permettant aux chariots, charrettes, voitures d’emprunter le pont pour se rendre à Auray. Le classement du chemin qui y conduit ne sera fait qu’en 1849 – créé de toute pièce il deviendra l’actuelle rue Pasteur – et l’état du pont ne tarde pas à se dégrader.
Les 3 et 4 décembre 1865, le pont est fortement endommagé par de violentes tempêtes et la circulation interdite. Dans sa session de 1866, le conseil général accepte le rachat du pont par le département. Après quelques travaux de réparation, la circulation sera rétablie de façon restreinte en 1867.
Le 5 janvier 1869, le Préfet prend un arrêté et une véritable reconstruction du pont suspendu est décidée. La réalisation, confiée à la société Forget de Paris, va se dérouler en 1870 et 1871, pour la somme de 33 812 francs. Par arrêté du 6 novembre 1871, la circulation est rétablie et le tarif des droits à percevoir remis en vigueur. Le péage sera définitivement suspendu à compter du 1er janvier 1879 par arrêté préfectoral.
En 1925, pour faire face aux exigences de la circulation automobile naissante, le tablier et les câbles sont renforcés par les Etablissements Arnodin du Loiret. La réfection de la chaussée sera réalisée en 1965 et la charge maximum autorisée limitée à 4 tonnes.
En 1973, le pont suspendu est incorporé à la voierie communale, la départementale ayant été déviée sur le « nouveau pont » Joseph Le Brix mis en service en 1969.
Le 17 novembre 1997, le pont suspendu du Bono est inscrit à l’inventaire des monuments historiques.
Au printemps 2003, il doit être interdit à toute circulation, automobile et piétonne. Au début de l’année 2004, le maire du Bono, Bernard Le Scoarnec, milite pour la reconstruction du pont. Le coût de l’opération est estimé à 700 000 €. Grâce aux subventions de la DRAC, du Département, de la Région, des municipalités voisines, de la souscription lancée auprès du grand public et la contribution de la commune, la reconstruction à l’identique est confiée à l’entreprise Freyssinet.
Le « nouveau » pont suspendu est inauguré le 7 mai 2005. Cet ouvrage, âgé de plus de 170 ans, est l’un des deux derniers représentants de ce type en France.
Crédits :
Bacs et Ponts en Morbihan de Yannic ROME – Liv’Editions
Archives départementales